Comment les normes ISO 14040 et ISO 14044 tiennent mieux compte de la protection de l’environnement ?

Face à la prise de conscience croissante des défis écologiques à l'échelle mondiale, la communauté internationale a développé des approches novatrices pour quantifier et atténuer notre empreinte sur la planète. Cette évolution a donné naissance à des outils précis d'analyse et d'action.

L’une des dernières méthodes est l’Analyse de Cycle de Vie (ACV), aujourd’hui encadrée par deux normes : ISO 14040 et ISO 14044. Elles définissent d’une part, les principes et d’autre part, les lignes directrices de la mise en œuvre de l'ACV. La démarche ACV normalisée évalue les impacts environnementaux d'un produit depuis l’extraction des matières premières pour sa fabrication jusqu'à sa fin de vie.
 

Entretien avec Thomas Deleau, enseignant-chercheur au centre RAPSODEE UMR 5302 d’IMT Mines Albi, sur la thématique de la génération de solide par séchage par atomisation.

Thomas Deleau, intervient au sein de la formation du Mastère Spécialisé® PRINEC - Procédés et ressources pour l'ingénierie de l'économie circulaire - où il dispense un module d'enseignement dédié à l'apprentissage de la réalisation d'une ACV d'un produit ou d'un service -.

Dans quel contexte les normes ISO 14040 et ISO 14044 ont-t-elle été conçues ?

Dans les années 70, la problématique environnementale a émergé. L'attention se portait particulièrement sur les émissions de gaz à effet de serre, principalement le dioxyde de carbone. Mais le CO2 n’est qu’une composante de l’empreinte écologique, parmi de nombreux autres facteurs. La méthode d’évaluation environnementale de l’ACV est plus globale. Elle a vu le jour dans les mêmes années pour évoluer vers une approche de référence, jusqu’à sa normalisation. Son unicité vient du fait qu’elle quantifie les impacts environnementaux et prend en compte la notion de cycle de vie. Les impacts de l’objet d’étude sont mesurés « du berceau à la tombe », ou « du berceau au berceau » dans le cadre des démarches d’économie circulaire. 

 

Que dire de l’objectif « zéro émission nette » d’ici à 2050 ?

D’ici à 2050, la France parmi d’autres pays, s’est fixée l’ambition de ramener ses émissions nettes de gaz à effet de serre à zéro. Cet objectif ambitieux implique de réduire drastiquement nos émissions actuelles et de compenser les émissions résiduelles. Au-delà des puits naturels tels que les océans et forêts, il existe deux principales méthodes pour les compenser : 

  • Les solutions naturelles, qui reposent notamment sur la végétalisation, comme la reforestation ou la restauration des écosystèmes naturels.
  • Les solutions technologiques en développement, qui utilisent des procédés industriels de captage, tels que les technologies de capture et de stockage du carbone.
    De plus, lorsque l’on veut calculer les émissions d’une entité, et à fortiori les comparer, il faut prendre en compte toute la durée de vie de cette entité et la ramener à une même fonction. C’est le principe même de la technique ACV ISO 14040-14044. Selon cette analyse, en prenant l’exemple de création de solutions alternatives décarbonées, comment peut-on parler de zéro émission ?


La méthode ACV est-elle une référence commune universelle dans la recherche ?

En effet l’ACV est un moyen de communiquer entre chercheurs. Il s’agit d’un outil commun, multicritères et quantitatif. Il nécessite beaucoup de données, parfois non disponibles, et demande donc des associations d’échelles de valeurs. Mais les résultats sont comparables scientifiquement.
Dans la recherche, une étape ACV s’ajoute dans tous les processus de développement de projets. Le centre de formation et de recherche RAPSODEE mène des études en partenariat avec des entreprises. Avec l'entreprise Eco-Tech Ceram, il a été réalisé notamment l’ACV d’un système de stockage thermique pour la valorisation de chaleur fatale, sur ses systèmes Eco-Stock(r). L'objectif était d'évaluer les impacts environnementaux de la chaleur produite, en comparaison à une installation conventionnelle au gaz naturel sans récupération de chaleur fatale. Les résultats ont montré un réel gain environnemental, avec environ 500 tCO2eq évitées chaque année, et un temps de retour énergétique de l'ordre de quelques mois (sur une durée de vie du système de l'ordre de 20 ans).


 
L'application des normes ISO 14040 et ISO 14044 répondent-elle à une demande croissante des entreprises ?  

Afin de mieux intégrer les enjeux environnementaux dans leurs décisions, les entreprises recherchent de plus en plus des ingénieurs capables de réaliser une Analyse du Cycle de Vie (ACV) selon les normes ISO 14040 et 14044. Bien qu'il n'existe pas d'obligation légale d'utiliser cet outil, les entreprises s'y intéressent pour anticiper les futures réglementations et prendre une longueur d'avance sur la concurrence.  L’ACV est souvent couplée à une analyse technico-économique, ce qui permet d’identifier une réduction possible des coûts tout au long de la chaîne de production, qu'il s'agisse de matières premières, d'énergie, de transport, ou de déchets. Elle favorise également l’innovation et les améliorations de produits sur un marché très concurrentiel. Elle peut aussi avoir pour objectif d’améliorer leur communication en répondant aux attentes écologiques du consommateur.
L'ACV est ainsi un outil précieux pour les entreprises s’inscrivant dans une démarche d'éco-conception et de développement durable.

Réelle opportunité pédagogique, pendant le module « ACV, Écologie industrielle et territoriale », les apprenants du Mastère Spécialisé® PRINEC étudient en détails les différents outils d’évaluation environnementale et d’analyse de cycle de vie. Ils appréhendent les quatre principales étapes de réalisation d’une ACV liées à la norme ISO 14040 et les mettent en pratique en utilisant des logiciels spécifiques.
Dans son ensemble, le programme interdisciplinaire du Mastère donne aux étudiants les outils et connaissances essentiels pour transformer leur perception des chaînes de production et contribuer activement au développement de l'économie circulaire émergente.
 

Réelle opportunité pédagogique, pendant le module « ACV, Écologie industrielle et territoriale », les apprenants du Mastère Spécialisé® PRINEC étudient en détails les différents outils d’évaluation environnementale et d’analyse de cycle de vie. Ils appréhendent les quatre principales étapes de réalisation d’une ACV liées à la norme ISO 14040 et les mettent en pratique en utilisant des logiciels spécifiques. Dans son ensemble, le programme interdisciplinaire du Mastère donne aux étudiants les outils et connaissances essentiels pour transformer leur perception des chaînes de production et contribuer activement au développement de l'économie circulaire émergente.

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