La parole est donnée à Nicolas Artelluci, responsable de compte chez Cognizant et intervenant dans le Master Advanced Pharmaceutical Engineering (AdPharming).
Comment se situe le marché pharmaceutique français aujourd’hui ? Quelles sont ses évolutions significatives les plus récentes ?
Le marché pharmaceutique français a des spécificités par rapport à d’autres marchés à travers le monde. C’est un marché très durable avec une empreinte de 60 milliard d’euros par an, dont la moitié à l’export et avec 8 milliards d’euros en direction des hôpitaux. Les aspects clés de ce marché sont sa croissance quasi-continue et sa pérennité à long terme. Dans une certaine mesure, ces aspects sont liés au fait qu’il s’agit d’un marché réglementé. Cela implique que toute décision et toute action, d’un point de vue purement commercial mais aussi en ce qui concerne la recherche, sont guidées par un cadre général régi par la loi. Cet encadrement lui assure sa durabilité à long terme. Il est vrai que cette spécificité pourrait paraitre moins souple (par rapport au marché pharmaceutique américain, par exemple), mais cela rend le marché plus fort et plus résilient en temps de crise. En quelque sorte, dans un marché règlementé on trouvera toujours des clients.
Qu’est-ce que le “Business Process Outsourcing” (BPO) ?
Le BPO est l’externalisation d’un processus d’entreprise dans son intégralité en y intégrant ou pas diverses activités connexes. Les meilleurs exemples sont les Affaires Règlementaires ou la Pharmacovigilance qu’un prestataire extérieur peut gérer sous la responsabilité d’une société pharmaceutique.
Aujourd’hui l’industrie pharmaceutique représente environ 100 000 emplois directs en France. Quelles sont les perspectives d’embauche ? Demande-t-on des compétences nouvelles ?
Le marché de l’emploi est très divers et il y a beaucoup d’opportunités. La filière pharmaceutique est très large. Prenons par exemple la chaine d’autorisation avant et après la mise sur le marché. La gamme d’activités y est très étendue entre la R&D et la commercialisation en passant par la chaine logistique et l’informatique, avec des besoins en recrutement très divers. Les compétences nouvelles qui sont très recherchées dans l’industrie pharmaceutique, telles que l’intelligence artificielle ou l’analyse de données, sont les mêmes qu’on voit émerger dans d’autres secteurs.
Quels enseignements l’industrie pharmaceutique peut-elle tirer de la crise du Covid ?
En ce qui concerne la crise du Covid, l’industrie pharmaceutique démontre une fois de plus sa résilience face à une crise, en faisant face aux défis. On peut voir une démonstration de sa vigueur dans la commercialisation très rapide des vaccins. En effet, il y a une grande différence entre le développement d’un médicament en laboratoire et l'obtention de son autorisation de mise sur le marché, sa vente, sa production et sa livraison. C’est la force de l’industrie pharmaceutique.
A votre avis, quelles sont les défis majeurs de l’industrie pharmaceutique aujourd’hui ?
Un enjeu de taille est d’attirer de nouvelles compétences. Ma propre expérience de prestataire de services pharmaceutiques m’a montré qu’il n’est pas simple de recruter de nouveaux talents en quantité suffisante. S’agissant de pharmaciens ou de médecins, ces profils préfèrent souvent travailler seuls, tandis que les informaticiens ne pensent pas forcément faire carrière dans les métiers pharmaceutiques. Un défi majeur est donc d’attirer des compétences clés de haut niveau, connaissant bien les technologies de l’information, pour assurer les besoins de ce secteur en matière de spécialistes hautement qualifiés.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui envisage de faire carrière dans l’industrie pharmaceutique ?
Tout d’abord, je lui dirais que c’est un très bon choix de s’intéresser à l’industrie pharmaceutique, car il s’agit d’un secteur important et durable qui offre une large gamme de métiers différents. On ne s’ennuie pas et on ne reste pas coincé au même endroit. C’est un secteur très agile avec la mise en œuvre d’une grande diversité d’activités, d’ingénierie et d’idées, justement parce que ce secteur durable est créateur de valeurs. Ainsi, durable ne rime absolument pas avec ennuyeux, mais au contraire avec une industrie pleine de métiers passionnants !
Nicolas Artelluci travaille dans l’industrie pharmaceutique depuis dix ans dans différents rôles et fonctions, entre autres en tant que directeur du delivery, ventes et avant ventes. Il est aujourd’hui responsable de compte chez Cognizant et il intervient dans la formation Master Advanced Pharmaceutical Engineering (AdPharming).
Note : Les opinions représentées dans cet entretien sont données à titre personnel et appartiennent uniquement à la personne interviewée, et ne représentent pas celles de personnes, d’organisations ou d’institutions auxquelles pourrait être lié ou non le détenteur, que ce soit de manière personnelle ou professionnelle.